Jury final

Contrôle et conformité des projets finaux

L’organisateur a reçu les six projets finalistes.

Les contrôles de conformité ont été effectués préalablement au jugement par les organisateurs. Ceux-ci constatent que le projet Cuisine commune propose un attique hors sbp admis. Les membres du jury décident toutefois de poursuivre l’examen du projet. Hormis quelques autres dérogations mineures au programme et au PLQ, tous les dossiers rendus sont complets et parvenus dans les délais prescrits. Ils décident en accord avec tous les membres du jury de poursuivre l’examen de tous les projets.

Déroulement du jugement

Lors de la première journée, le jury procède à une audition individuelle de chaque bureau. Les candidats avec leurs collaborateurs sont invités à présenter le développement de leur projet. Le jury procède ensuite à des questions de compréhension sans jugements d’appréciation.

Le deuxième jour, le jury reprend l’analyse des projets à huit clos. Il dresse pour chacun une liste d’appréciations des forces, faiblesses, opportunités et risques du projet selon les critères de jugement énoncés dans le programme et dans le jugement rendu au début de la 2ème phase.

Après une discussion approfondie et de longs débats sur chaque projet, qui font chacun l’objet d’une critique complète, le jury retient le projet Flash Mob.

A l’exception du lauréat, aucun classement n’est établit. Une indemnité forfaitaire et identique est versée à chacun des candidats finalistes, selon les modalités énoncées dans le programme du concours.

Projets finalistes

Flash Mob – Lauréat

Une structure conviviale, faite de diverses possibilités de rencontre et d’usages? Une architecture cohérente, spatialement riche? FlashMob nous démontre que les deux sont conciliables;  que le meilleur des deux mondes peut être combiné. La typologie du bâtiment s’exprime clairement par sa forme et se fonde sur deux coursives qui non seulement distribuent mais offrent aussi les principaux lieux de rencontre. Suite au premier tour, l’élargissement des  incisions du volume a considérablement  augmenté leur potentiel d’usage. Une deuxième qualité du projet réside dans l’organisation du cœur du bâtiment – les espaces de double hauteur dont bénéficient les duplex d’une part, les espaces communs traversant d’autre part et enfin les boudoirs privatifs aux étages avec leurs diverses appropriations possibles.

Une séquence architecturale et sociale s’organise. Tout d’abord, l’entrée et son foyer collectif qui relie les programmes du rez-de-chaussée, puis les coursives, principales lieux de rencontre qui conduisent aux cuisines, points de départ des espaces communs de chaque appartement qui s’étendent vers les espaces plus intimes et tranquilles des étages. Le deuxième tour a permis d’approfondir et de préciser ces thèmes. Les contraintes géométriques du plan demanderont néanmoins un travail continu et exigeant dans l’évolution du projet.

Le projet présente ainsi un ensemble de réponses précises et cohérentes aux différents échelles de la question posée : l’expression du bâtiment et sa relation avec le quartier, l’organisation intérieure et la qualité des espaces collectifs et les différents degrés d’intimité des espaces communs dans les appartements.

Pour le développement du projet lauréat dans les phases à suivre, le jury a formulé les recommandations suivantes :

  • Les petits  vestibules qui relient les chambres dans les simplex présentent une solution fonctionnelle, plutôt conventionnelle, qui est loin de la qualité spatiale des « boudoirs » des duplex. Une solution plus innovante aussi pour les simplex sera appréciée.
  • L’image perspective ne présente pas le contexte effectif. Les façades latérales (SW/NE) sont à reconsidérer en fonction de la position du bâtiment à l’entrée du quartier.
  • L’orientation des chambres uniquement côte sud-ouest est à vérifier à cause des nuisances sonores.
  • La surface nécessaire pour les gaines et les installations techniques est à vérifier et doit être intégrée dans le projet.
  • Le détail des fenêtres marque l’expression architecturale du bâtiment, ce qui est apprécié par le jury. Des questions techniques restent cependant à vérifier, notamment la hauteur des garde-corps par rapport à la norme SIA et l’encadrement extérieur en bois sans protection.
  • La capacité et l’économie du projet doivent être optimisées en fonction des opportunités offertes par le PLQ et les négociations avec la commune.


Voisin de palier

Le jury relève les qualités innovantes du projet qui résident dans la concentration des espaces collectifs en deux paliers communs réunissant à chaque fois 6 appartements. Ils favorisent les rencontres et les échanges spontanés, sans pour autant les imposer comme mode de vie. Ils sont orientés sur le paysage du Jura, bénéficient de la lumière du soir et s’ouvrent sur les esplanades publiques du quartier des Vergers. Autant d’aspects qui procurent à ces espaces une mise en scène privilégiée et riche de la vie collective.

Au niveau des appartements, la gradation entre le public et le privé est bien gérée, malgré par endroit des chambres exposées aux nuisances des espaces séjour-cuisine. Ces derniers sont aux premières loges des activités collectives, concept intéressant mais qui peut aussi être considéré comme inhibant pour certains puisque on s’expose sans cesse au regard d’autrui. Les cuisines au centre du bâtiment sont peu éclairées.

Les zones retirées des appartements offrent de petits salons privatifs, aux dimensions justes et baignés de lumière naturelle. Une invitation à l’appropriation pour les colocataires d’une même habitation.

Les chambres sont généreuses.

Les appartements familiaux s’intègrent de façon simple et efficace à l’esprit communautaire du bâtiment.

Le projet propose en toiture une terrasse communautaire et des locaux collectifs, deux éléments convaincants et bien proportionnés. Enfin le volume compact du bâtiment favorise les questions d’énergie et d’économie du projet.

En revanche, le parti pris d’orienter les séjours-cuisines uniquement du côté nord donne le sentiment de tourner le dos au quartier et tire peu profit du jardin. L’absence de balcon appuie ce choix. Ces éléments laissent le jury perplexe quant au statut réel des paliers communs. Sont-ils des espaces ouverts ou fermés, chauffés ou tempérés, sont-ils modulables entre différentes saisons, sont-ils un substitut satisfaisant aux balcons ? Ces questions interrogent le caractère plus fondamental de ce lieu à savoir : son atmosphère.

Sidecar

Suite au premier tour et aux critiques du jury, les concurrents ont développé le projet en réglant les points problématiques :

  • les modifications apportées à la cage d’escalier sont appréciées.
  • les réglages fins du rez-de-chaussée (niveaux, relations, etc.) sont appréciés.
  • les concurrents ont intégrés le souhait d’avoir deux cuisines de tailles différentes par étage
  • la relation directe de la cage d’escalier avec les espaces collectifs en attique est améliorée.
  • dans l’appartement de 22 pièces, la fermeture de l’espace devant la cage d’escalier (pour intégrer des portes coupe-feu asservies) découpe l’espace commun ce qui rend cet appartement un peu moins convaincant.
  • le développement du projet semble montrer qu’il est réalisable et respectera les normes sismiques, de protections incendies, la LCI, etc.
  • sans vérification de ses conséquences sur le coût de l’ouvrage, la recherche constructive est appréciée.

Le jury apprécie donc le travail effectué depuis le premier tour pour régler le projet.

Le jury confirme que les qualités premières du projet résident dans le développement typologique: variétés d’espaces communs, justesse des dimensionnements (en général), bonne organisation, qualité des diverses orientations vers le paysage.

Il apprécie aussi le traitement du rez et l’efficacité nouvelle de la distribution.

Le dispositif de sas devant les groupes de chambres est rediscuté : Comment occuper cet espace très étroit et servant avant tout à la circulation ? Comment pourrait-il être meublable ? est-il judicieux de prévoir un vitrage translucide ? Dans le cas contraire, comment gérer à plusieurs la privacité du sas ?

En comparant les différents projets, le jury relève le manque d’espaces collectifs et surtout leur disposition « en fin de parcours ». Le projet ne propose ainsi aucun lieu pour la rencontre spontanée. En fin de délibération, c’est principalement cet argument qui fera la différence et conduira à l’élimination du projet Sidecar, malgré ses nombreuses qualités reconnues et exprimées ci-dessus.

Cuisine commune

Suite au premier tour et aux critiques du jury, les concurrents ont développé le projet en y apportant des améliorations:

  • le développement des plans du sous-sol et du dispositif de patios d’accès y amenant de la lumière naturelle.
  • le projet a été simplifié et le plan rationnalisé sans perdre la variété des espaces communs appréciée au premier tour.
  • les chambres ont été correctement redimensionnées
  • l’intégration de balcons aux cuisines commune est appréciée.
  • la typologie des groupements de familles est appréciée.
  • les recherches constructives et de physique du bâtiment sont intéressantes et appréciées.

Le jury apprécie les évolutions apportées depuis le premier tour mais constate que le projet ne parvient pas à échapper à certains paradoxes ou défauts :

  • le principe de mettre la cuisine au centre de la vie collective est original. Le projet encourage clairement le mode de vie collective ce qui est apprécié. Par contre, il n’offre pas le même souci aux espaces proposés à l’échelle de l’ensemble du bâtiment ou de la chambre.
  • le projet propose un vitrage qui tend à faire disparaître le seuil entre les cuisines et les cages d’escaliers. Le jury ne parvient pas à comprendre cette volonté. De plus, un tel dispositif semble peu crédible car il sera soumis aux contraintes de protection incendie. Par ailleurs, un mur épais sépare la cuisine de l’appartement. Ce double dispositif cherche à sortir la cuisine de l’appartement et à la relier à la distribution. La cuisine n’est plus le centre de l’appartement, mais elle devient un lieu collectif voire public. Ces ambigüités rendent l’entrée dans l’appartement incertaine, trop abrupte et directe.
  • l’étage fonctionne s’il est divisé en deux appartements autour de ses deux cuisines communes. Le projet n’apporte pas de réponse claire lorsque les deux appartements sont réunis ou pour réaliser plus de deux appartements. Le jury redoute que ces incertitudes (manque de clarté des seuils et statut des appartements) rendent les appartements anonymes, ce qui aurait comme conséquence un repli des étudiants dans leurs chambres, ce qui serait contraire aux objectifs visés par les auteurs et le maître d’ouvrage.
  • les problèmes dimensionnels des cuisines mentionnés au premier tour sont améliorés mais le fait d’enfermer les cuisines rend peu flexible l’utilisation des cuisines.
  • il subsiste quelques problèmes spatiaux (dimensionnement ou statut d’espace mal définis): « salles de jeux de bain », certaines alcôves, absence de seuil devant les chambres, balcons des cuisines, etc.
  • tous les sanitaires ont été réunis dans deux noyaux centraux mais aucun dispositif ne garanti l’intimité des personnes qui s’y rendent et croisent des voisins et visiteurs.
  • en ramenant la SBP maximum admis par le PLQ, le nombre de personnes logées est faible.
  • des voiles béton remplacent une partie des murs en terre ce qui tend à diminuer l’intérêt de la terre, ce qui faisait l’originalité et la force formelle du projet.


Andale Mono

Les qualités principales du concept proposé au premier tour ont évolués. La disposition rationnelle et modulaire du bâtiment, la concentration des espaces communs traversant et le système distributif théâtrale qui relie les escaliers extérieurs aux terrasses  forment un ensemble cohérent. Le bâtiment promet de riches opportunités de rencontres fortuites et promet une grande convivialité tant par son organisation intérieure que par son expression architecturale. La volonté de laisser participer les usagers à l’organisation de leur espace de vie a été reformulée comme système d’ameublement modulaire et flexible. Ce propos est compréhensible, mais demeure au stade du concept.

La fusion de la circulation extérieure avec les lieux de rencontre collectifs et terrasses communs n’est pas entièrement satisfaisante dans la forme proposée. La circulation empiète trop sur l’usage des surfaces extérieures. En comparaison avec d’autres solutions proposées dans le cadre du concours, des espaces collectifs dédié à l’ensemble ensemble bâtiment font défaut. Quant aux faiblesses, il faut aussi mentionner les cuisines et surtout les « zones de lecture » intimes à l’intérieur du bâtiment qui sont souvent démunis d’éclairage naturel.

La disposition économique et la rationalité de la structure créent d’importantes opportunités pour un développement futur du projet. En revanche, l’interprétation de la circulation extérieure hors gabarit dont la surface excède le maximum défini par le PLQ présente un risque.

En résumé, « Andale Mono » présente un propos cohérent et intéressant qui a beaucoup animé les discussions du jury. Il n’a finalement pas été retenu en raison des faiblesses de sa formulation architecturale et malgré un concept très promettant dans le cadre de la question posée.


Kaleidoscope

Suite au premier tour et aux critiques du jury, le projet Kaleidoscope a apporté des ajustements appropriés qui confèrent aux appartements une organisation interne de qualité. En effet, les typologies répondent aux critères de convivialité attendus, avec des séjours-cuisines généreux et lumineux, munis d’un prolongement extérieur.

La zone des chambres nécessitant plus de calme est isolée par un bloc tampon dédié aux sanitaires et cuisines. Il reste cependant quelques chambres problématiques, isolées du côté des espaces jour, qui échappent à cette solution.

L’accès aux chambres par une distribution secondaire est une alternative appréciable dans la situation de collocations nombreuses.

Les chambres ont été redimensionnées, obtenant ainsi des proportions agréables et plus de souplesse pour l’ameublement. Les sanitaires intègrent désormais l’accès aux personnes à mobilité réduite.

Les couloirs qui distribuent les chambres sont pourvus de dilatations servant de coins plus privatifs à l’adresse des colocataires. Le jury apprécie la proposition mais regrette qu’ils ne bénéficient pas tous de lumière directe et, vu leur emplacement, doute qu’ils incitent véritablement à l’appropriation autrement que pour du rangement.

Les appartements familiaux et les studios s’intègrent efficacement à la trame générale du bâtiment au même titre que les appartements communautaires.

L’orientation générale des espaces communs du côté espace public ne tire pas profit du jardin à l’arrière du bâtiment.

L’idée forte du système distributif du bâtiment comme catalyseur de la vie collective reste un élément important du projet. La cage d’escaliers présente différents avantages, dont un apport en lumière naturelle, des percées sur le paysage, des relations entre les étages et des connections entre les appartements. Cependant la combinaison des circulations avec les espaces collectifs représente dans ce cas une complication en matière de sécurité feu, qui limite les possibilités d’exploitation. Les pièces et les loggias collectives entrent en concurrence avec les espaces communs des appartements et n’offrent pas une alternative ou une plus-value assez forte pour être investies et entretenues par l’ensemble des coopérateurs sur le long terme.

Le jury apprécie les réponses apportées aux questions de constructions, d’énergie et de normes sécurité.

Le parti pris de ne pas construire en attique est prudent, il subsiste cependant des doutes par rapport à la profondeur du bâtiment qui est hors gabarit du PLQ.